"putain, deux ans"
Voilà deux ans que je ne travaille plus ; un an que j'ai signé la transaction avec mon ancienne boîte, me libérant de mes "obligations", moyennant une assez belle somme d'argent, en échange de laquelle je m'engage à ne pas les poursuivre.
lorsque j'étais en négociation avec le DRH de ma boîte, j'ai appris incidemment que j'aurais pu aller aux prudhommes, avec une chance de gagner ; mon avocate m'en avait dissuadée, m'expliquant qu'ayant un enfant handicapé, la "partie adverse" miserait toute son argumentation là-dessus, suggérant que mon mal-être venait de là et non de mes conditions de travail ; plus tard, par hasard, j'ai appris qu'ils avaient eu très peur, en fait, que j'aille aux prudhommes.
je ne regrette pas de ne pas y être allée ; ç'aurait été très long et, à l'époque, je voulais juste ne plus jamais avoir affaire à eux. Mais j'ai été contente d'apprendre que j'aurais PU ; c'était donc bien eux, et pas moi, qui avaient déconné. Peut-être un jour saurai-je ce que je vaux, sans avoir besoin qu'on me le valide sans cesse ; ce jour-là n'est pas encore arrivé :-/
Aujourd'hui je vais TRES mal ; je hurle sur les enfants, je ne les supporte plus, vraiment ; Zébulon est dur, Préado est une préado et Marmouset..... soupir...... mais ce n'est quand même pas leur faute.... ou pas QUE ; de toutes façons, le problème ne se pose pas comme ça ; nous sommes embarqués ensemble, il faut que ça se passe le mieux possible, or là c'est l'enfer ; il faut que ça change ; mais je ne sais pas comment.
L'emploi du temps de Marmouset est un gruyère : plein de trous ; plein de trajets à assurer, des trajets parfois de 5 minutes, qu'aucun taxi ne voudra assurer (pas assez rentable) ; des intervenants à rencontrer, pour faire le point (je le fais de moins en moins : je fuis l'orthophoniste qui me reproche gentiment de ne plus travailler avec Marmouset, j'échange des banalités avec les autres). Bref : ma présence est indispensable ; ce n'est même pas une présence de qualité (puisque je hurle) mais c'est obligatoire. aller le chercher ; l'amener ici ; attendre ; le récupérer ; le ramener là ; le garder ; repartir ; faire le sac ; organiser les rendez-vous ; agencer son planning.
ce matin, voilà pourquoi je reprends l'écriture, en espérant qu'elle.... je ne sais pas, me libérera ; ce matin, la tête entre les mains, j'ai dit "deux ans d'avance en classe, 4 ans d'études pour en arriver à quoi ? juste me faire engueuler à longueur de journée par mes enfants"
ils étaient là.... Ben oui, tant qu'à faire, tant qu'à être toxique, nocive, nulle, autant l'être BIEN, et dire des horreurs devant eux ; ça, en toxicité, j'assure ; c'est d'ailleurs le seul domaine où j'assure. Préado était navrée ; Zébulon est venu m'embrasser ; 10 minutes plus tard, il piquait une colère, que j'ai tenté d'apaiser calmement avant de sortir de mes gonds et de hurler ; c'est un enfant avec qui je me "vois" devenir violente ; je visualise ma main qui part, et qui part très fort, pour lui faire MAL. Je ne suis pas passée à l'acte et je crois que je ne le ferai pas, il y a TROP de violence, paradoxalement, je sais que quand j'ai ces pulsions, c'est pour lui faire très mal, j'arrive à les contenir.
Je ne pourrais pas reprendre dans mon ancienne branche, et je ne le souhaite pas ; pire : je le rejette complètement ; quand je me trouve avec des gens qui sont comme j'ai été pendant 15 ans, j'ai des nausées. Je rejette en bloc tout ce que j'ai été (ça aussi, sans doute, c'est violent, et vertigineux) ; le problème, c'est que je ne sais pas quoi faire.... Sachant que si j'exerçais une activité, ce serait un bout par-ci (les lundis matins), un bout par-là (les jeudis) ; sans oublier les rendez-vous ponctuels des uns et des autres : maîtresses, profs, orthodontiste, ORL, .......
Evidemment, naturellement, depuis que je suis à la maison, tout m'échoit de ce qui concerne les enfants ; c'est normal : je suis là ; et Il bosse comme un fou ; deux ou trois jours par semaine, il quitte la maison à 6h30 et rentre à 20h30 ; ce ne sont pas les heures des écoles, médecins, orthophonistes, etc... même pas les heures des enfants, d'ailleurs.
Deux ans d'avance en classe, 4 ans d'études pour en arriver à ramasser les céréales après le petit déjeuner et me faire engueuler à longueur de temps par mes enfants......
Je ne m'étais JAMAIS imaginée femme au foyer, jamais ; pour moi, une fois les enfants là, ce serait nounou, puis école et centre aéré.....
Il faudra que je raconte comment j'en suis arrivée là, avec mon travail. Une autre fois.
Pour le moment, je suis désemparée ; je sens bien qu'il faut que je fasse quelque chose, mais quoi ? Je ne sais même pas ce qui m'intéresse, vers où me tourner pour changer de voie.
Je suis juste mal dans mes pompes, avec une furieuse envie de partir. Ce que je ne ferai pas ; ni quelques jours (je l'ai fait : le retour est terrible), ni pour toujours.